La forêt domaniale de Saint-Trojan-les-Bains s’étend au sud-ouest de l’Ile d’Oléron. Sa situation littorale lui confère une spécificité écologique d’un grand intérêt pour les amoureux de nature.
Les péripéties d’une forêt survivante
Le massif que l’on peut aujourd’hui parcourir, entre les communes de Dolus-d’Oléron, Le Grand-Village-Plage et Saint-Trojan-les-Bains, n’est plus celui qui recouvrait une vaste partie de l’île il y a mille ans de cela. Les défrichements intensifs du Moyen Age ont eu raison de cette première forêt, essentiellement composée de chênes et de pins maritimes, une essence autochtone. Après le XVe siècle, les dunes, exposées aux forts vents océaniques, eurent le champ libre pour avancer et recouvrir peu à peu les terrains agricoles. Certains villages disparurent même complètement, ensevelis sous le sable. C’est pourquoi, au XIXe siècle, furent entrepris, comme en Gironde, des semis de pins, de genêts, d’ajoncs et d’autres espèces susceptibles de contribuer à fixer le sol. Plus tard, des chênes verts d’origine méditerranéenne vinrent compléter la flore sylvestre. Pourtant, les malheurs de Saint-Trojan n’étaient pas terminés : entre les bombardements subis pendant la Deuxième Guerre Mondiale, la terrible tempête de 1935, un afflux touristique mal géré à partir des années 60, et la nouvelle tempête destructrice de 1999, il lui fallut bien des ressources de survie pour résister. Aujourd’hui, elle est protégée et aménagée pour permettre d’agréables promenades sur des sentiers balisés, des pistes cyclables et des aires de pique-nique. Etalée sur près de deux mille hectares, cette bande forestière longue de huit kilomètres offre aux amateurs de nature de passionnantes découvertes botaniques et animales dans le respect de ses fragiles biotopes.
Une forêt côtière aux multiples visages
Observer les différents paysages, dans la forêt domaniale de Saint-Trojan, c’est comprendre la vie mouvante des dunes, la répartition des plantes en fonction des milieux, l’évolution d’un massif forestier bien spécifique à l’environnement littoral. Juste après la plage, la dune initiale est la plus aride et la moins fertile. Exposée aux grands vents et au sel, elle est nue, quasiment stérile. Lui succède la dune mobile, qui prend peu à peu de l’ampleur, alimentée en sable par le vent. Elle est plantée d’oyat, une plante buissonnante aux longues racines qui est capable de ralentir un peu la progression des grains de sable. La dune fixée vient ensuite, domaine de ces fameuses immortelles des sables dont le parfum si caractéristique rappelle un peu le curry et le thym… A l’ombre de ses petites fleurs jaunes, et malgré la relative pauvreté du sol, peuvent commencer à germer les premières graines d’arbres et d’arbustes. Ces arbres-là grandiront peu et prendront de curieuses formes tourmentées à force de lutter contre les rafales. La dune boisée évolue enfin vers la forêt proprement dite. Là, poussent les pins maritimes et les chênes verts, qui sont raisonnablement exploités (pâte à papier, bois de chauffage, fabrication de cagettes). Il est en effet essentiel de maintenir toujours une variété d’arbres d’âges différents, afin d’accroître la résistance aux tempêtes, les plus jeunes spécimens étant les plus vulnérables. L’ensemble de cet écosystème offre au promeneur de nombreuses découvertes botaniques (garou ou saint-bois, espèces rares comme la petite bourrache ou le ciste hérissé) et animales (oiseaux de mer, passereaux comme les loriots et pipits, daims, sangliers…). Une intéressante balade nature à savourer en toute saison.
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